Maarten Vanden Eynde

La «timidité» est en botanique un phénomène encore mal connu selon lequel certains arbres (en France les pins parasol et chênes verts du midi) maintiennent entre eux une distance appelée «fente de timidité»... Autrement dit, s’arrêtent de pousser 80 centimètres avant que leurs branches n'atteignent leurs voisins. Ce comportement d’évitement pourrait être interprété comme une perte d’espace potentiellement utilisable par l’arbre, mais il semble surtout qu’il lui permette de limiter la propagation des parasites tout en laissant la lumière mieux pénétrer la forêt. L’arbre peut alors être considéré comme un être vivant et communicant, capable de gérer avec intelligence et respect son environnement. Un comportement insolite mais exemplaire qui devrait nous conduire à ré envisager notre rapport à la nature et au vivant.

Un an après la Cop 21 de Paris, et à un mois de la suivante (la Cop 22 se déroulera à Marrakech en novembre 2016), comment en effet ne pas nous questionner sur ce qui apparaît aujourd’hui vital à notre survie et à celle de la planète? Comme, prendre soin de la nature, renouveler notre regard sur notre environnement, inventer de nouvelles formes de relation avec le règne animal, réapprendre notre monde et pourquoi pas le réinventer? L’exploitation effrénée des ressources naturelles de la planète a gravement affecté l’environnement, la biodiversité et le climat. Pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius à la fin du siècle (engagement de la Cop 21), il va par exemple falloir arrêter d’exploiter 80 % des ressources en énergie fossile de la planète !

Or, cette surexploitation ne touche pas uniquement la nature, elle crée également des inégalités criantes entre les humains et ce sont les populations les plus pauvres, celles des pays en voie de développement, qui en souffrent le plus. Notre mode de développement actuel, notamment en occident et en Asie, suscite en effet de telles dégradations du milieu naturel qu’il menace la survie d’espèces, y compris la nôtre, touchant à des situations irrémédiablement tragiques comme leur épuisement ou leur disparition. S’il fallait quelques chiffres pour s’en convaincre, de nombreuses statistiques révèlent régulièrement l’état d’urgence du monde :
-Depuis 1970, notre planète a perdu 30% de ses ressources naturelles
-La banquise a fondu de 40% en 40 ans
-Chaque jour, 50 à 300 espèces végétales et animales disparaissent
-Au cours des 30 dernières années, 80% de la couverture forestière a disparu ou a été dégradée
-Dans les 25 prochaines années, près de 50% de la population mondiale sera confrontée à de très grandes pénuries d'eau
-Et enfin en France nous consommons 3 à 4 planètes par an.

Ainsi, l'impact écologique des activités humaines est si préoccupant qu’il a donné son nom à une ère géologique, l’Anthropocène, en référence au concept selon lequel l’homme depuis la révolution industrielle transforme la géophysique de la planète, mettant fin à l’ère de l’Holocène. Depuis une dizaine d’années heureusement une prise de conscience s’est amorcée au niveau mondial. Associant citoyens, scientifiques, politiques, philosophes et artistes, de nouveaux espaces de réflexion se dessinent. Ils s’inspirent de l’écosophie (forgée dans les années 60 par le philosophe Arne Nasse et que Felix Guattari va développer dans son ouvrage Les trois écologie), qui invite à renverser la vision anthropocentriste du monde au profit d’une écologie mentale, environnementale et sociale, permettant peut-être de trouver des issues à l’actuelle «impasse planétaire». La timidité des cimes, s’intéresse donc à la manière dont les artistes interrogent aujourd’hui notre relation à la nature et au vivant, se saisissant de l’écologie comme d’une matière à œuvres. Ils présentent des créations qui interrogent les nécessaires changements culturels que nous devons urgemment opérer face à aux mutations du climat. Leurs œuvres illustrent les parts de naturel et d’artificiel que nous projetons dans l’environnement et les symboliques qui y sont attachées. Elles réinventent, chacune à leur manière, une culture du vivant, un autre rapport aux éléments naturels, à l’environnement et au phénomène d’anthropisation.

Maarten Vanden Eynde - Plastic Reef -Frac
Maarten Vanden Eynde, Plastic Reef, 2008-2012

 
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